Jazz Magazine, Kronikexpress. 12 disques qui ont également retenu notre attention /juin 2012/
Françoise-Franca Cuomo (voc) Cyril Trochu (piano) et Guillermo Benavides (b) réinventent le blues en concert dans une approche théâtrale, historique et didactique qui fait alterner, dans le texte ou en français, blues traditionnels ou classiques (J.B. Lenoir, Robert Johnson) et textes d’écrivain (Langston
Hughes...) non sans évoquer l’héritage de Colette Magny. (Alfred Sordoillet)
Simplicité et véhémence, le CD commence avec le « Black, brown and white » de Big Bill Broonzy, et sa version française tout d’abord, évoque ensuite la mort avec «Me and the devil» de Robert Johnson, puis l’errance dans «Homesick Blues» et débouche sur un texte dit à propose du Ku Klux Klan. Le propos est clair.
Le Franzktrio est dans le registre tragique plus que dans celui du blues : la condition noire est une tragédie,
C’est ce qu’il transcrit ici, dans la couleur qui lui est propre. Une voix profonde qui chante le blues
et la tragédie. Le blues est un intermédiaire, on l’a souvent dit, une ambiguïté entre majeur et mineur.
Francoise-Franca Cuomo y ajoute l’ambiguïté de sa voix, assumant un style musical noir dans un autre style musical, le jazz, lui-même produit de mélange entre blanc et noir. FFC projette sa voix, elle a ce souci incessant, il n’y a rien en elle de l’Afrique mais elle ne trahit en rien le blues. C’est par la structure de sa musique, la structure de sa culture qu’elle investit le blues. Deux langues, entre lesquelles elle va et vient, donnant toujours une version française du texte qu’elle chante. Une voix qui éclaire ce qu’elle chante. Drôle de lumière sur la noirceur du blues.
 
Noel Tachet, 2011
 
 
Page accueil Terres de blues ALBUM commentaires/presse CONCERT 
AU SUNSIDE
LE JEUDI 1ER NOVEMBRE À 21H00
préventes à 15 euros sur moxity.com : musiques
 
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superficielles), saluons la démarche du FranzKTrio qui, au contraire, retourne vers cet inépuisable terreau qu’est le blues, et se replonge dans son contexte socio-politico-historique pour concevoir une œuvre composée comme un véritable spectacle poético-théâtral. Car en aucun moment, la chanteuse Françoise-Franca Cuomo et ses deux compères "font" ou "jouent" du blues. Ce qui les intéresse d’abord, c’est le texte, la parole. Aussi vont-ils les chercher chez des bluesmen "auteurs" comme Big Bill Broonzy, Robert Johnson et J.B. Lenoir, autant que chez des poètes afro-américains proches du blues comme Langston Hughes et d’autres moins connus ici. Ces lyrics sont mis en musique de la façon la plus ouverte possible. Toutes les pièces, chantées en anglais et complétées de quelques textes de liaison en français, sont de libres créations originales autour de la notion et de la réalité du blues. À la fois souples mais soignées et précises, et comportant de larges parties improvisées, instrumentales et vocales, elles forment une suite parfaitement cohérente.
Un disque qui sort des sentiers battus, et surtout nécessaire
à notre époque amnésique. À écouter absolument et à faire jouer en public.
CULTUREJAZZ.FR/ chroniques CD / vitrine de septembre 2012
À l’heure où nombre de musiciens français semblent avoir peur de se frotter aux véritables racines du jazz que constitue la grande tradition afro-américaine, pour s’en trouver de moins risquées (mais tellement plus
«Terres de Blues» album du FRANZKTRIO :
«Great work from the trio of singer Francoise-Franca Cuomo – a singer with a great blend of experimental modes and European inflections – easily one of the freshest jazz vocalists we’ve heard in years! The instrumentation here is very spare – just bass and piano – both played with evocative shifts in tone and timing, to match Cuomo’s inventive style of singing – a blend that, all together, reminds us somewhat of the more experimental spare Sheila Jordan sessions from years back – although there’s also some spoken passages here in French, which definitely give the record a different feeling, and an influence from blues that’s bubbling underneath».
 
Dusty Groove America Chicago mai 2012
Produit par Gérard Terronès, ce qui est un gage de qualité, enregistré live au Comptoir de Fontenay-sous-Bois, ce CD de poèmes et de blues et de poèmes-blues du trio Franz K, autrement dit la blueswoman Françoise-Franca Cuomo, le pianiste Cyril Trochu et le bassiste Guillermo Benavides, arrive comme un cadeau.
Et, en ces temps où « Black Brown And White » de Big Bill Broonzy (1898-1958), prend curieusement une teinte rom à l’écoute, on se demande si on n’a pas soudain cinquante ans de moins. C’est que Françoise-Franca Cuomo commence ses blues, ce que devraient faire tous les bluesmen, par une traduction en français. Ce ne peut qu’être bénéfique aux mal-comprenants et Dieu sait combien il y en a. Les morceaux ne sont pas construits sur des structures blues traditionnelles, même les blues purs et durs des grands bluesmen Big Bill Broonzy, Robert Johnson (1911-1938) ou J.B. Lenoir (1929-1967), mais sur des motifs d’une esthétique blues indéniable. Les paroles ainsi chantées viennent de poètes noirs américains de la Renaissance de Harlem comme Langston Hughes (1902-1967), Robert Hayden (1913-1980), William Waring Cuney (1906-1976), Sterling Allen Brown (1901-1989), ou comme le cinéaste Worth W. Long et parlent d’expérience de ce que fut l’interminable cauchemar de l’esclavage et de la ségrégation, de la vie et de la mort des Afro-Américains, y compris récemment (le « Vietnam Blues » de J.B. Lenoir nous rappelle qu’en Afghanistan ou en Irak, ce sont toujours les pauvres types, donc une majorité de Noirs, qui s’y font descendre). Les textes ainsi chantés avec un accompagnement piano-basse très enlevé et en même temps très blues, rappellent combien la libération des gens ne se fait que par les gens eux-mêmes. La voix est belle et émouvante. Les musiques sont élaborées. C’est un grand disque.
Michel Bedin, On-Magazine octobre 2012