Simplicité et véhémence, le CD commence avec le « Black, brown and white » de Big Bill Broonzy, et sa version française tout d’abord, évoque ensuite la mort avec «Me and the devil» de Robert Johnson, puis l’errance dans «Homesick Blues» et débouche sur un texte dit à propose du Ku Klux Klan. Le propos est clair.
Le Franzktrio est dans le registre tragique plus que dans celui du blues : la condition noire est une tragédie,
C’est ce qu’il transcrit ici, dans la couleur qui lui est propre. Une voix profonde qui chante le blues
et la tragédie. Le blues est un intermédiaire, on l’a souvent dit, une ambiguïté entre majeur et mineur.
Francoise-Franca Cuomo y ajoute l’ambiguïté de sa voix, assumant un style musical noir dans un autre style musical, le jazz, lui-même produit de mélange entre blanc et noir. FFC projette sa voix, elle a ce souci incessant, il n’y a rien en elle de l’Afrique mais elle ne trahit en rien le blues. C’est par la structure de sa musique, la structure de sa culture qu’elle investit le blues. Deux langues, entre lesquelles elle va et vient, donnant toujours une version française du texte qu’elle chante. Une voix qui éclaire ce qu’elle chante. Drôle de lumière sur la noirceur du blues.
Noel Tachet, 2011